Décembre 1898
1er Décembre 1898
Textes des deux notes remises à la Porte par les représentants des quatre Puissances à Constantinople
1°
Notification faite aujourd'hui à la Porte par les quatre Puissances :
Au nom de leurs Gouvernements respectifs, les représentants des Puissances se plaisent à constater que le Gouvernement ottoman, se conformant aux désirs manifestés dans la note collective remise à la Sublime Porte le 5 Octobre 1898, a pris les mesures propres à assurer la pacification définitive de l'île de Crète.
Les Gouvernements des quatre Puissances sont, en conséquence, tout disposés à confirmer les droits suprêmes de Sa Majesté Impériale le Sultan sur la Crète, et à garantir la vie et les intérêts des Musulmans crétois.
Ayant jugé d'un commun accord que le moment est venu d'assurer l'établissement de la nouvelle organisation autonome de la Crète, ils ont convenu à cet effet, de mettre un terme à la mission transitoire exercée collectivement par les Amiraux, et de confier à un délégué commun le mandat d'assurer l'ordre et la sécurité en Crète, d’y organiser les services administratifs et d'affecter à ce but une partie des revenus de l’île.
Les quatre Puissances ont choisi pour exercer les fonctions de Haut-Commissaire, Son Altesse Royale le Prince Georges de Grèce.
En informant Son Excellence, le Ministre des Affaires Étrangères, de cette désignation, les quatre représentants doivent ajouter qu'elle est instituée pour un délai de trois ans.
Les quatre Puissances ne doutent pas que le Gouvernement ottoman ne comprenne qu'il y a tout intérêt à faciliter le succès de l’œuvre pacificatrice confiée à leur Haut-Commissaire.
2°
En même temps que cette notification, nous avons remis à la Porte la déclaration suivante :
Au nom de leurs Gouvernements respectifs, les représentants des Puissances, se référant à leur note collective en date de ce jour, relative à la désignation d'un Haut-Commissaire en Crète, ont l'honneur de déclarer à son Excellence, le Ministre des affaires étrangères, que le mandat confié à ce Haut-Commissaire, lui impose le devoir de maintenir et de respecter les privilèges de la dette publique ottomane en Crète.
Signé Bapst
N° 153
Séance du 3 Décembre 1898
Les Amiraux ont reçu avis que le blocus de l’île de Crète est levé à partir du 5 Décembre.
Néanmoins, l'introduction des armes et munitions de guerre est prohibée de la façon la plus absolue.
À bord du « Bugeaud », à La Sude, le 3 Décembre 1898
Le Contre-Amiral italien signé : Bettolo
Le Contre-Amiral de la Grande-Bretagne signé : Noël
Le Contre-Amiral russe signé : N. Skrydloff
Le Vice-Amiral français signé : Ed. Pottier
N° 154
Séance du 7 Décembre 1898
Afin d'assurer l'ordre dans l’île pendant les fêtes en l’honneur de l'arrivée du Prince Georges, les Amiraux décident que l'emploi des pavillons ottomans et grecs sera proscrit pour les pavois des maisons.
À bord du « Bugeaud », rade de La Sude, le 7 Décembre 1898
Le Contre-Amiral italien signé : Bettolo
Le Contre-Amiral de la Grande-Bretagne signé : Noël
Le Contre-Amiral russe signé : N. Skrydloff
Le Vice-Amiral français signé : Ed. Pottier
7 Décembre 1898
Dépêche identique
Le Prince Georges propose pour pavillon crétois, pavillon bleu percé d'une croix latine blanche, le carré supérieur de gauche rouge, percé d'une croix latine blanche.
Les Amiraux n'ont aucune objection à présenter, et ils demandent à leurs Gouvernements s'ils reconnaissent ce pavillon.
En vue d'assurer le maintien de l'ordre, le jour de l'arrivée du Prince à La Canée, les Amiraux ont proscrit ce jour là l'emploi des pavillons ottomans et grecs pour pavoiser les maisons, en autorisant seulement le pavillon crétois.
Il y a donc un intérêt majeur à connaître le plus tôt possible l'approbation des Gouvernements.
11 Décembre 1898
Dépêche identique
Les Amiraux, avisés que question du pavillon crétois doit être réglée à Constantinople, craignent que arrivée du Prince soit trop retardée s'il attend solution pour venir en Crète.
Ils sont plus que jamais persuadés que tout retard dans arrivée du Prince aurait graves inconvénients, mais ils estiment, qu'étant délégué des Puissances, Prince peut parfaitement venir sous les pavillons de ces Puissances.
Les Amiraux ont télégraphié à leur délégué à Athènes de soumettre la question au Prince après avoir pris avis des Ministres.
N° 156
Séance du 13 Décembre 1898
La Commission militaire internationale de La Canée a terminé les procès des affaires de Candie.
46 Musulmans compromis ont été jugés :
seize ont été acquittés ;
deux ont bénéficié d'une ordonnance de non-lieu ;
quatre ont été condamnés à la réclusion ;
quatre ont été condamnés aux travaux forcés à temps ;
neuf ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité ;
onze ont été condamnés à la peine de mort.
Deux de ces derniers, les nommés Ibaïder Imamaty et Ibalil Arap Ibalilaki ont été exécutés le 23 Novembre.
Le Conseil des Amiraux a commué la peine de mort prononcée contre les nommés :
Kali Ibrahimaki Ibrahim Ibzaki Vianitis
Ali Vrakossalaki Hussein Koutsalaki
Arab Omer Rokos Ibaïder Ahmedaki
Samd Ombachi Omer Mami Ibakimaki Bey
Sourouri Sapunji
en celle des travaux forcés à perpétuité.
À bord du « Bugeaud », La Sude, le 13 Décembre 1898
Le Contre-Amiral italien signé : Bettolo
Le Contre-Amiral de la Grande-Bretagne signé : Noël
Le Contre-Amiral russe signé : N. Skrydloff
Le Vice-Amiral français signé : Ed. Pottier
13 Décembre 1898
Dépêche identique
Le Prince fait savoir qu'il arrivera le 21 Décembre.
Les Amiraux ont fixé à cinq jours le délai pendant lequel ils resteront à La Sude à la disposition du Haut-Commissaire pour lui remettre le service.
13 Décembre 1898
Dépêche identique
Au cas où le Haut-Commissaire croirait devoir accorder une amnistie, les Amiraux déclarent qu'il est impossible que cette amnistie s'étende aux condamnés par les tribunaux militaires pour les crimes de Candie et pour les crimes ayant entraîné sentences capitales qui ont été commuées.
La sécurité des témoins serait gravement compromise.
22 Décembre 1898
Dépêche identique
Les Amiraux ont remis hier le Gouvernement de l'île au Prince Georges, qui, en remerciant les Gouvernements, a demandé à ce qu'ils lui continuent leur appui.
Le pavillon crétois flotte sur l'île et a été salué par les navires des Puissances.

Pavillon crétois (dessin d'E.H. Destelle)
N° 159
Procès-verbal de la séance du 25 Décembre 1898
Avant de quitter la Crète, les Amiraux établissent dans le procès-verbal ci-dessous la répartition des forces qu'ils laissent dans l’île, et l'état d'organisation du régime provisoire dans les différents secteurs, régime établi en conformité des prescriptions du procès-verbal N° 149 dont une copie est ci-jointe. Conformément au procès-verbal N° 150, la langue grecque est devenue langue officielle.
Secteur international
Les forces de ce secteur comprennent :
1 bataillon français,
45 gendarmes français dont 10 à cheval,
1 bataillon italien,
2 compagnies russes,
2 compagnies anglaises,
Cependant, en raison de la proximité du secteur italien, une partie du bataillon italien tient garnison dans ce secteur.
Les municipalités ont été nommées, les villes occupées sont administrées.
Une garde civique forte de 100 hommes est constituée, elle fournit des petits postes qui sont établis, partout, de concert avec la gendarmerie européenne, jusqu'à ce que la garde civique puisse s'y substituer complètement.
Les employés chargés de la perception des droits de toute nature ont été nommés par le Commandant Supérieur de la zone internationale.
Un directeur des services financiers centralise leurs opérations. Une Commission militaire internationale siège à La Canée.
La justice de paix est rendue par un officier.
Un Maître de la marine remplit les fonctions de Capitaine de port à La Canée.
Toutes les demandes d'emplois ont été classées et réservées.
Secteur anglais
Commissaire militaire (Administrateur de la province)
Major Général Sir H.C. Chermside K, C.M.G.C.B
Commissaire militaire en sous-ordre (ayant les pouvoirs civils)
Major V.E. Fairholme
Ville et environs de Candie
Gouverneur anglais chef de police, ayant les pouvoirs civils.
Sous-chef de police.
Direction de santé.
Les quatre districts (Eparchies) : Malevisi, Iemenas, Monofatsi, Pediadha, ont chacun un :
Commissaire de district : Anglais (ayant les pouvoirs civils)
Commissaire en sous-ordre : Anglais.
Chef de police anglais (ayant les pouvoirs civils).
Les deux autres districts : Renurio et Pyrgiotissa ont chacun leur chef de police anglais et ayant les pouvoirs civils mais il n'y en a qu'un pour les deux districts.
Commissaire de district : Anglais (ayant les pouvoirs civils) et un commissaire en sous-ordre également anglais.
Les forces militaires anglaises comprennent :
850 hommes « Northumberland Fusiliers », commandés par le Lieutenant-Colonel Money, C.B.
850 hommes « Rifle Brigade » commandés par le Lieutenant-Colonel Metcalfe (Cet officier n'est pas encore arrivé ; le Régiment est actuellement sous les ordres du Major Cockburn).
200 hommes de la « Rifle Brigade » sont à La Canée, et à Candie il y a encore 20 hommes « Royal Artillery » et 6 pièces de campagne.
Le total des forces dans la province de Candie est de 1.520 hommes.
Des petits détachements dont la force varie entre 20 et 50 hommes sont répartis dans l'intérieur à côté des commissaires anglais.
Le 30 Novembre, la garde civique comptait 376 Chrétiens et 187 Musulmans, soit un total de 563.
Il est du ressort du Gouvernement de la ville et des commissaires de district d'enrôler de nouveaux gardes dans les limites de leur budget.
De nouvelles douanes fonctionnent à Aghia-Paya dans le district de Malevisi et à Chersonisos dans celui de Pedhiada. On en établit une à Kalo Limionés sur côte Sud.
A.G.M. Dickson Esq. a été nommé contrôleur des finances de la Province.
Un service postal fonctionne trois fois par semaine entre Candie et chaque district. Il donne actuellement des bénéfices.
Une ligne télégraphique a été ouverte entre Candie et Perkhanes au tarif de un sou par mot.
La commission militaire internationale est maintenue pour juger les crimes, mais il n'a été établi aucune institution civile ou criminelle.
Une commission présidée par un officier anglais, est chargée cet hiver d’ensemencer les terres autant qu'il est possible.
Une autre commission s'occupe du rapatriement des Chrétiens des villes et des réfugiés musulmans des campagnes. La grande difficulté est le manque de fonds.
L'administration toute entière est simplement une réorganisation des institutions locales déjà existantes ; réorganisation basée sur des principes d'autonomie et de décentralisation.
Secteur français
Le secteur français comprend les provinces de Sitia, Mirabello, Hierapetra, Lassithi et Viannos.
Les forces qui occupent ce secteur sont placées sous les ordres d'un Lieutenant-Colonel. Cet officier supérieur a sous ses ordres trois officiers de Marine chargés des affaires indigènes :
1 Lieutenant de Vaisseau à Sitia, chargé des affaires de la Province de Sitia.
1 Lieutenant de Vaisseau à Hierapetra, chargé des affaires des Provinces de Hierapetra et de Viannos.
1 Lieutenant de Vaisseau à San-Nicolo, chargé des affaires des Provinces de Mirabello et Lassithi.
Les forces françaises comprennent environ 500 hommes d'Infanterie de Marine, 100 marins et 15 gendarmes
Elles fournissent 25 petits postes établis à l'intérieur pour permettre aux Musulmans de rentrer en toute sécurité dans leurs foyers.
La garde civique composée de 102 hommes occupe également un certain nombre de ces postes, de concert avec les forces européennes.
16 bureaux de douane répartis sur différents points de la côte sont chargés de la perception des droits de toute nature.
Secteur italien
Dans l'établissement d'un régime provisoire pour le secteur italien, on eut pour but les objectifs suivants :
Constitution rapide des gardes civiques et dislocation graduelle des troupes pour le maintien de l'ordre et de la sûreté et pour pouvoir disposer dans les points convenables de la force nécessaire pour procéder au désarmement.
Institution des employés civils, reconstitution des épitropies et des communes, nomination des maires et confirmation des notaires, pour l'établissement immédiat, autant que possible, d'une administration civile très simple et économique.
Institution d'une Commission militaire de police composée d'officiers des troupes d'occupations du Secteur, et fonctions de juges de paix pour les officiers commandants des détachements militaires, pour pourvoir avec énergie et rapidité à la justice pénale, et résoudre les questions de peu d'importance et d'occurrence ordinaire.
Le Secteur italien comprenant les cinq Provinces de Kissamos, Selino, Cidonia, Sphakia et Apokorona tout le bataillon du 93e fut employé pour les garnisons des trois premières Provinces occidentales, tandis qu'une portion du 49e, qui est de garnison dans la zone internationale, servit pour les garnisons des deux autres Provinces orientales.
La distribution des troupes est actuellement la suivante :
À Colymbari, commandement du bataillon du 93e avec une compagnie ;
à Castelli-Kissamos, Plemeniana et Platania, trois commandements de compagnie, avec détachements à Grabusa, Kandano, Selino-Castelli et Halepa (pour le service de dépôt du bataillon) ;
à La Canée, le commandement du 49e avec deux compagnies ;
à Kalives et à Sphakia, deux commandements de compagnie avec détachements à Armenios, Fré et Prosnero.
Les gardes civiques, enrôlés au fur et à mesure et instruits et commandés par les Carabiniers, furent distribués en plusieurs stations et postes de correspondance.
Ils sont actuellement au nombre de 103 et occupent actuellement les postes suivants :
La Canée (résidence du commandement), Sude, Kalyves, Vamos, Keramia, Platania, Alikianu, Maleme, Gribiliana, Castelli-Kissamo, Kandano, Akifu, Vlatos et Topolia.
Les employés civils nommés et en place sont les suivants :
1 Directeur Général du Service Civil,
1 secrétaire et interprète ; 2 préposés de Douane de 1ère classe, 3 de 2e classe, 10 douaniers. Ces employés ont été distribués dans les localités suivantes :
Calyves, Armyro, Sfakia, Porto-Lutro, Suia, Selino-Castelli, Messoia, Castelli-Kissamo et Colymbari.
La Commission militaire de police, qui réside à Gribiliana, est présidée par le Major commandant le 93e ; elle est appelée à juger, sur les bases du code pénal militaire italien, tous les individus qui n'appartiennent pas aux troupes internationales.
Les Commandants des détachements donnent leurs jugements dans les limites des attributions qui leur ont été conférées.
Le matériel et les munitions appartenant au gouvernement turc sont encore dans les forteresses de Kissamos et Grabuza.
Secteur russe
À l'instar des autres secteurs, l’administration supérieure du Secteur russe de Rethymno est confiée depuis le 23 Octobre/4 Novembre à un Commandant Supérieur, le Colonel Schostak.
Il a à sa disposition immédiate le contingent d’occupation, se composant actuellement de 14 compagnies, dont deux sont détachées à La Canée ; il est directement chargé de la gestion générale des recettes et des dépenses ; il a en outre la surveillance du fonctionnement de tous les services publics y compris celui de la municipalité dont les postes sont occupés par des employés des deux confessions.
Les cantons de l'intérieur sont placés sous l'administration des officiers qui commandent les détachements stationnant dans les chefs-lieux, et qui se font assister dans leur tâche par les maires nommés dans toutes les communes.
Ces mêmes officiers font fonction de juges de paix, la juridiction supérieure en matière correctionnelle et criminelle étant réservée à la Commission militaire qui siège dans la ville. (Toute les affaires purement civiles et commerciales sont réservées).
La sécurité publique qui était l'objectif principal de l'organisation administrative provisoire est assurée à l'intérieur du Secteur par la constitution de la garde civique au nombre de 200 Chrétiens, commandés par des chefs indigènes ; dans la ville par la police indigène mixte, composée de 60 hommes, dont 40 Musulmans, les 20 gendarmes à cheval russes, et le détachement monténégrin au nombre de 72 hommes, dont 25 se trouvent à Halepa.
L’établissement de stations militaires constitue une garantie supplémentaire au maintien de l’ordre.
Aussitôt après le départ des autorités turques, la langue grecque a été dès le 26 Octobre / 7 Novembre, déclarée comme la langue officielle.
Toute cette organisation sommairement exposée ici, pourrait être maintenue telle qu’elle, jusqu'au moment du remplacement des autorités supérieures russes par des organes administratifs locaux. (Procès-verbal N° 152).
Les matériels et munitions appartenant au gouvernement turc sont déjà évacués de Rethymno.
Le second objet des préoccupations constantes des autorités de Rethymno a été la question de la réinstallation des familles, tant chrétiennes que musulmanes, des régions dévastées.
Après le désarmement des Chrétiens et la détente survenue dans les relations des deux éléments, cette question, la plus importante pour décider la situation, est actuellement réduite à une question de moyens fiscaux ; la solution dépendra avant tout des fonds dont on pourra disposer pour venir en aide aux nécessiteux, soit par la distribution de secours pécuniaires, soit par l’allocation d'indemnités pour les dégâts subis, dont l'estimation paraîtrait toutefois fort difficile.
Le besoin d'avoir des fonds disponibles est d’autant plus pressant que les secours en farine accordés par les 4 Gouvernements prendront fin à la date du 23 Décembre/4 Janvier.
Les Amiraux expriment le désir que le texte ci-joint de leurs deux dernières proclamations du 4 Novembre et du 10 Décembre soient pris en grande considération, surtout en ce qui concerne les promesses faites aux Musulmans de garantir leur sécurité et le respect de leur religion.
Ils pensent que le Gouvernement pourrait nommer une commission chargée d'examiner avec un soin tout particulier les besoins des réfugiés musulmans qui sont effrayés de rentrer dans leurs propriétés, et que cette commission devrait faire, après son enquête, les propositions qu'elle jugerait utiles pour qu'un certain crédit soit ouvert à ces réfugiés afin de leur permettre de réintégrer leurs foyers en y faisant les réparations nécessitées par les dégâts qu’ils pourraient y trouver.
Cette commission pourrait également étudier les indemnités à donner aux Chrétiens dont les maisons et les propriétés ont subi des déprédations.
D'autre part, les Commandants des Secteurs n’ont plus qu'une certaine quantité de farine qu'ils peuvent distribuer aux nécessiteux, mais leur approvisionnement sera épuisé dans la première quinzaine de Janvier.
Les Amiraux font connaître à Son Altesse Royale le Haut-Commissaire, qu'ils ont autorisé le Capitaine de l'intendance Taïfour, de l'armée turque, à rester en Crète jusqu'à l'enlèvement complet du matériel et des munitions qui appartiennent au gouvernement ottoman, Ali Garib lui sert d’interprète.
Le matériel turc restant encore en Crète à la date du 23 Décembre 1898 est le suivant :
1° À La Canée :
18 canons
Machine de la minoterie
Bombes en fer : plus de 6.000
2° À l'arsenal de La Sude :
Machine de la minoterie
Grande grue
Quelques vieilles chaudières
3° À Izzedin :
14 canons avec affûts et chariots
4° îlot de La Sude embarquement du matériel terminé
5° Rethymno embarquement du matériel terminé
6° Candie embarquement pas encore commencé
7° Kissamos -id-
8° Grabuza -id-
9° Spinalonga -id-
10° Hierapetra -id-
Les Commandants des Secteurs devront faciliter l'évacuation de ce matériel pour qu'elle soit terminée le plus tôt possible.
Enfin, les Amiraux pensent que pour le maintien de la sécurité dans l’île, il serait prudent de mettre en dépôt dans un endroit fortifié toutes les armes provenant du désarmement, par exemple à l'îlot de La Sude.
À bord du « Bugeaud », à La Sude, le 25 Décembre 1898
Le Contre-Amiral italien signé : Bettolo
Le Contre-Amiral de la Grande-Bretagne signé : Noël
Le Contre-Amiral russe signé : N. Skrydloff
Le Vice-Amiral français signé : Ed. Pottier